Comment êtes-vous devenues créatrices ?
Irina Pentecouteau : je suis designer, j'ai fait les beaux-arts de Toulon en design d'espace, puis j'ai obtenu un DNSEP design à l'ISDAT de Toulouse.
Cécile Laporte : je suis designer, j'ai fait également les beaux-arts du Mans, en premier lieu, puis j'ai obtenu un DNSEP design à l'ISDAT de Toulouse.
Nous avons poursuivi notre cursus par une 6ème année à l’ISDAT, sur un projet de recherche nommé Global Tools, tout en démarrant notre activité dans une agence d'architecture et de design toulousaine.
C’est lors de notre dernière année aux Beaux-arts que nous avons commencé à travailler ensemble, nos problématiques de travail étant complémentaires. Ainsi, à la suite du diplôme, nous avons développé un projet de recherche sur les artisanats, et plus particulièrement sur le tissage, qui nous a mené sur les routes d’Amérique du Sud.
Nous avons co-fondé notre duo en 2014, que nous avons nommé candiD. Nous développons des projets de recherche et des objets adaptables, réparables et transformables pour lutter contre la standardisation et l'obsolescence programmée.
Quelles sont vos sources d’inspiration au quotidien ?
Nous sommes sensibles aux thèmes traitant du temps, de la mémoire, de la transmission, des savoir-faire et des histoires qu’ils véhiculent. Les voyages sont une grande source d’inspiration, les différentes cultures et leurs artisanats sont des mines d’or. Au-delà de l’ouverture d’esprit qu’ils développent, les découvertes de nouvelles techniques, coutumes et histoires sont très enrichissantes.
De quoi s'inspirent vos créations ?
Nos créations sont teintées des savoirs et cultures qui nous ont transporté jusque-là (motifs, histoires, légendes…) et aussi des apprentissages transmis par les tisserands que nous avons rencontrés en Amérique du Sud par exemple. Plus généralement, nous nous inspirons des tendances actuelles dans le monde du design et de l’art.
Quelles sont vos influences ?
Les groupes contestataires, où ont participé de grands designers comme Alessandro Mendini ou Andrea Branzi, ont remis en question la standardisation d’objet, la société industrielle et ainsi ont voulu redonner une place au travail manuel. Mais des courants plus actuels partageant ces mêmes problématiques, comme le slow design ou l’
open design, nous intéressent particulièrement.
Qui sont vos designers de référence ?
La philosophie de beaucoup de designers et penseurs de la Global Tools est chère à nos problématiques de travail (Mendini, Pesce, Branzi…). Mais nous avons aussi plusieurs références dans le courant de l’open design, comme
Opendesk,
Jeremy Edwards et ses meubles libres,
Geoffrey Dorne, le collectif de la
27ème région qui travaille sur le collaboratif, et également le livre
Open design Now qui est une bible en la matière.
Vous dessinez beaucoup ?
Oui, nous dessinons beaucoup, dans notre pratique professionnelle, pour mettre en forme nos idées, pour la recherche et pour des travaux de graphisme ; mais aussi dans une pratique personnelle.
Une technique, œuvre, un graphisme qui vous ont donné envie de créer ?
La découverte des techniques de tissage nous a fascinées, les motifs créés ainsi que la différence de médiums et de pratiques usités à travers les différents pays.
Une nouvelle technique que vous aimeriez maîtriser ?
Le design numérique et plus particulièrement le code, que nous avons expérimenté un petit peu et qui permet de comprendre la grande machine informatique, un domaine utile à maîtriser aujourd’hui.
Dernière tendance marquante ?
Comment qualifieriez-vous votre travail ?
Nous nous ancrons dans un mouvement de design à contre-courant de la standardisation et de l’obsolescence programmée. Nous produisons des objets localement, de manière éthique et durable. Ils sont entièrement ou partiellement fait-main, nous travaillons à la revalorisation de savoir-faire en hybridant techniques numériques et savoirs manuels.
Vos projets évoluent beaucoup de l’idée à la réalisation ?
Oui, la démarche de projet comporte souvent des surprises et de nouvelles pistes à explorer. L’évolution des idées est naturelle et souvent nécessaire pour mener à bien un projet. Les expérimentations, pré-maquettes et prototypages servent à adapter une idée et à la mener jusqu’à la réalisation.
Un objet en particulier qui vous a marquées ?
Il y a la coral lamp de David Trubridge qui est un objet très bien fait, esthétique, participatif mais aussi respectueux de l’environnement, où l’empreinte carbone est calculée.
Quels sont vos comptes Pinterest de référence ? Comment faîtes-vous vos recherches ?
Nous avons plusieurs
tableaux Pinterest, nous utilisons cet outil pour faire de la veille et chercher des références sur des sujets divers et variés. Nous utilisons également
are.na qui est une plateforme de recherche en open source, spécialisée dans l’art et la création.
Quels sont vos comptes Instagram de référence ?
Quels sont vos sites de référence ?
Comment voyez-vous votre métier dans 20 ans ?
Le métier de designer est en train d’évoluer considérablement, il est à un tournant important. Être designer au XXème siècle et au XXIème siècle n’est plus la même chose, le métier mute. Le designer sera toujours un pivot à la croisée de plusieurs corps de métiers mais il fera d’autant plus appel à une pluridisciplinarité. Il doit, pour nous, imaginer des systèmes ouverts et collaboratifs.
Comment voyez-vous l’évolution de la création et du design ?
Le mouvement maker a permis à l’autoproduction et à la veine du « do it yourself » de s’émanciper, L’ouverture des fablabs permet de rendre plus accessible la fabrication d’objets. L’évolution de la création nous paraît suivre cette voie-là, vers le partage, la transmission, l’accessibilité et l’ouverture des objets afin de travailler à la compréhension de ces derniers et à la revalorisation du travail manuel.
Quelle est votre première création ?
Notre première création sous le nom de candiD est un outil, c’est un petit métier à tisser démontable que nous avons créé avant de partir en Amérique du Sud à la rencontre des artisans tisserands pour apprendre le tissage.
Quelle est votre dernière création en date ?
Nous avons récemment créé la suite de la lignée OMGlow avec une veilleuse et un lampion en kit pour les enfants. Mais également des petits objets, réunis sous le nom “Le petit bureau”, il comprend des
marque-page, des carnets, des
tote-bag et des boîtes à tisser.
Quelle est la création dont vous êtes les plus fières ?
Nous pencherons pour OMGlow, elle comprend une collection qui est assez riche et qui continue d’évoluer, les formes et motifs sont infinis !
Le concours Tremplin nous a permis de concrétiser ce projet et de le présenter à un large public, nous en sommes donc fières.
Quelle sera votre prochaine création ?
Nous travaillons actuellement sur une collection d’objets domestiques alliant toujours le bois et le tissage, mais c’est une surprise, vous en saurez bientôt plus.
Quelle est l’innovation récente qui redéfinit selon vous la manière de créer ?
L’ordinateur Kano nous plaît particulièrement pour son approche ludique et simplifiée du code et de l’informatique pour les petits et les grands, c’est un objet qui veut démystifier l’électronique et rendre accessibles ces “boîtes noires”.
Un conseil à ceux qui aimeraient se lancer ?
De la persévérance, de l’ambition, de la motivation et de la folie.
Deux créateurs que vous souhaiteriez voir sur le site Du Côté de Chez Vous ?