Vincent Capmartin, de la campagne au tabouret mélancolique
Dans la campagne qui l’a vu grandir, il construisait des cabanes avec son frère. Loin d’Instagram, Vincent Capmartin. est aujourd’hui bercé par ses souvenirs botaniques. Découvrez les inspirations du créateur de Sodade, le tabouret mélancolique.
Dans la campagne qui l’a vu grandir, il construisait des cabanes avec son frère. Loin d’Instagram, Vincent Capmartin. est aujourd’hui bercé par ses souvenirs botaniques. Découvrez les inspirations du créateur de Sodade, le tabouret mélancolique.
Comment es-tu devenu créateur ?
Mon enfance au calme, sans TV ni écran, avec la campagne comme terrain de jeu, a joué un grand rôle ! Ainsi que ma formation : Beaux Arts de Toulouse, puis Arts déco de Paris et un échange Erasmus à Berlin.
Quelles sont tes sources d'inspiration au quotidien ? De quoi s'inspirent tes créations ?
Mes créations sont souvent un prétexte pour revivre des souvenirs : des expériences extraordinaires, comme des voyages, ou des phénomènes de la vie quotidienne. J'essaie de cultiver une attention permanente, de guetter la surprise dans des situations banales. Au quotidien, ce sont souvent des ambiances liées au paysage, à la géologie, la météo, la botanique.
Quelles sont tes influences ?
Je suis sensible au travail de beaucoup de créateurs : designers, architectes, paysagistes ou plasticiens. En général, je m'efforce de contextualiser mes propositions le plus possible, et le régionalisme critique est un mouvement de pensée qui m'influence beaucoup ; mais j'en ai une approche assez spontanée.
Quand je crée, je cherche à m'extraire de mes influences...quitte à me rendre compte après coup que je viens d'inventer le fil à couper le beurre !
Qui sont tes designers de référence ?
Konstantin Grcic, pour son sens de l'innovation et du juste usage des matériaux. Jean Michel Frank pour son élégance. Et, surtout, des approches comme celle d'Olafur Eliasson et son travail hybride, transdisciplinaire et « phénoménologique » .
Le dessin est un outil essentiel, mais ce n'est pas mon favori. Je dessine beaucoup en pensée ! J'essaie de croiser et recouper mes intentions pour définir des gammes de formes, lignes et matières, et élaborer différentes pistes de travail. Le dessin me permet de dynamiser la réflexion, de voir les zones de flou, puis de trouver les bonnes proportions, les bons assemblages. C'est à ce moment-là que le projet se construit vraiment, qu'il devient technique, tangible. !
Mon enjeu, quand je crée, c'est de réussir à garder l'émotion de départ. Lui permettre de survivre au processus de rationalisation.
Quelle est la première œuvre/création qui t'a touché ?
Une technique, une œuvre, un graphisme, qui t'a donné envie de créer ?
Je pratique beaucoup la réinterprétation de techniques. J'aime l'idée de créer la surprise et l'intérêt par de légers décalages. C'est aussi ma super excuse pour apprendre ! On peut tout autant parler du cannage pour le tabouret Sodade, ou de la technique d'arrosage en goutte-à-goutte que j'ai incluse dans le "pavillon de la pluie".
Dernière tendance marquante ?
Le retour du terrazzo ? [NDLR : le terrazzo est un matériau de construction constitué de pierres naturelles et de marbres agglomérés.]
Tes projets évoluent beaucoup de l'idée à la réalisation ?
Oui, et c'est parfois déconcertant ! Mon plus grand plaisir c'est de retrouver, au final, parfois par surprise, une intuition présente au tout début du projet. Ce qui avait l'air d'une dérive semble ainsi un parcours évident.
Au début d'un projet, j'essaie de ne pas avoir les yeux trop rivés sur des produits finis, mais de définir un imaginaire dans lequel m'inscrire. Au long du processus émergent des références que je retrouve et note comme des pense-bêtes, ou d'autres que je découvre et qui m'aident à préciser ma propre intention.
Un objet en particulier qui t'a marqué ?
La table E1027 d'Eileen Gray
Quels sont les médias que tu suis ? Les réseaux sociaux que tu utilises ?
Je ne suis pas très connecté ! Pas de compte Instagram... j'ai toujours un train de retard avec les réseaux sociaux ! Ce sont des media incroyablement efficaces en terme de référencement, de diffusion, etc, mais je me méfie du côté normatif et banalisant qu'ils peuvent avoir.
J'aime prendre le temps de découvrir les démarches dans lesquelles s'inscrivent les objets. Sur freundevonfreunden.com, on rencontre des personnalités des métiers de la création, au sens large. On y découvre des approches et des sensibilités plutôt que des catalogues de pièces isolées.
Mais mon média de référence, ce sont toutes les expositions que j'ai la chance de pouvoir visiter puisque je vis à Paris !
Comment tu vois ton métier dans 20 ans ? Comment tu vois l'évolution de la création et du design ?
Une production artistique choisie comme marqueur social, probablement de plus en plus réservée à un marché d'élite. L'enjeu, comme pour d'autres domaines, sera de persévérer dans des pratiques d'ouverture, de partage et de démocratisation.
Quelle est ta première création ?
J'ai créé des objets assez tôt, quand j'étais adolescent. J'étais fasciné par l'éclairage et j'ai créé plusieurs luminaires à partir des matériaux que j'avais sous la main : verre pilé ou plastique, notamment. J'ai aussi construit beaucoup de cabanes dans les arbres avec mon frère !
Quelle est ta dernière création en date ?
Le « pavillon de la pluie » que j'évoquais tout à l'heure. Au centre d'un jardin éphémère articulé autour de la gestion de l'eau.
Les meubles intégrés en matériaux de récupération que je construis à chaque nouvel aménagement !
Quelle sera ta prochaine création ?
L'intérieur d'une maison de vacances dans le Lot. Je poursuis aussi mon travail avec le végétal. Je suis en train d'imaginer un objet à suspendre, une sorte de micro-jardin fait de pierres brutes sur des exosquelettes beaucoup plus industriels. J'en suis encore au début, ça risque d'évoluer !
Quelle est la création / invention que tu aurais aimé réaliser ?
La chaise Thonet, pour la révolution technique du bois thermoformé et le génie de son application
Une matière innovante pour toi ?
Le verre dichroïque, notamment l'application d'Olafur Eliasson pour la façade du Harpa Concert Hall à Reykjavik.
Une nouvelle technique que tu aimerais maîtriser ?
La marqueterie de paille. (technique semblable à la marqueterie de bois dont nous avait parlé Camille Ravanel, sauf que les éléments de bois sont remplacés par de la paille de blé ou d'avoine)
Un conseil à ceux qui aimeraient se lancer ?
Jonglez avec les outils de conception, développez votre projet en changeant de point de vue et arrivez à synthétiser les idées et les remarques.
Deux créateurs que tu souhaiterais voir sur le site Du Côté de Chez Vous ?
Vous êtes créateur et souhaitez présenter votre travail ? Vous avez repéré un talent à nous faire partager ? Ecrivez-nous : contact@ducotedechezvous.com